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Le Maracanazo : une tragédie brésilienne

Le match entre le Brésil et l'Uruguay lors de la finale de la Coupe du Monde 1950 est peut-être le plus mémorable de l'Histoire. Bien plus que du football, il a mis en lumière la passion dévorante des Brésiliens pour le ballon rond.

Le stade Maracana lors de la finale de la Coupe du Monde 1950.

Une tragédie brésilienne


Après l’arrêt de la Coupe du Monde de football provoqué par la Seconde Guerre Mondiale, la compétition renait de ses cendres. Le Brésil et la Suisse sont les deux seuls pays à proposer l’organisation des Coupes du Monde 1949 et 1951. Ils sont désignés pays hôtes en 1946. Deux années plus tard, les tournois seront décalés à 1950 et 1954, retrouvant un rythme quadriennal.


La Coupe du Monde 1950 se distingue par son format de poule, unique dans l’histoire : seize équipes sont réparties en quatre poules. La meilleure équipe de chaque poule se qualifie pour le carré final, toujours sous forme de groupe. La finale de la Coupe du Monde 1950 n’en est donc pas une. Néanmoins, la dernière journée du tournoi opposera les deux équipes en tête du classement, le Brésil et l’Uruguay. Un choc pour l’Histoire.


Le Brésil, L’Uruguay, la Suède et l’Espagne se sont hissés dans le dernier carré. Au terme des quatre premières rencontres, la Seleção caracole en tête avec quatre points, devant l’Uruguay, à trois points. Les Européens se voient relégués aux dernières places, l’Espagne n’ayant glané qu’un petit point tandis que la Suède n’en compte aucun dans son escarcelle. Contrairement au fonctionnement actuel, une victoire ne rapporte que deux points. En raison de la forte différence de buts entre le Brésil (+11) et l’Espagne (-5) la Coupe du Monde se disputera entre la Seleção et la Celeste.


Brésiliens n’ont besoin que d’un match nul pour être sacré être à domicile. Face à la Suède (7-1) et l’Espagne (6-1), les Brésiliens l’ont largement emporté. Ce match doit être celui de la consécration. En face, l’Uruguay reste invaincu, comptant deux victoires et une défaite (la Turquie et l’Ecosse ayant déclaré forfait lors du premier tour). Lors de la poule finale, l’Uruguay a cependant encaissé deux buts de plus que le Brésil et surtout inscrits huit buts de moins.


La Celeste est également en proie à certaines difficultés. L’équipe a changé d’entraineur seulement vingt-deux jours avant le coup d’envoi de ce match. Les résultats étaient décevants sous les ordres d'Oscar Marcenaro et de Romeo Vasquez. Les clubs nationaux se mêlaient alors aux débats. Peñarol refusait de libérer ses joueurs si Hector Castro, Enrique Fernandez ou José Nasazzi - tous issus du club Nacional - étaient nommés. Nacional a répondu en opposant son veto au recrutement d'Imre Hirschl, l'entraîneur hongrois de Peñarol. La Fédération uruguayenne de football a mis fin à la saga en optant pour le retour de Juan López, dont l'expérience en club se limitait à un poste d'assistant médical au Central Español.


La veille du match Alcides Ghiggia raconte que « trois personnes de la fédération uruguayenne ont parlé à Obdulio [Varela, le capitaine ndlr], Maspoli et Gambetta qui était le joueur le plus expérimenté. Ils ont dit que l’objectif était déjà rempli et qu’ils attendaient d’eux qu’ils se comportent bien sur le terrain et d’éviter tous types de problèmes », il ajoute « Ils nous ont même dit que ça ne posait pas de problème de perdre avec trois ou quatre buts d’écart. »

L'équipe d'Uruguay qui a joué la finale de la Coupe du Monde 1950/Gettyimages.

L’avant-match


Des manifestations de joie, de fête et des célébrations bruissent dans tout le Brésil. À la veille du match Brésil-Uruguay, finale informelle de la Coupe du Monde 1950, les Brésiliens abordent la rencontre comme une formalité. Depuis des semaines déjà les joueurs auriverde ont préparé une chanson de victoire.


Le jour de la confrontation, le journal O Mundo titra en une « voici les champions du monde » au-dessus d’une photo de la sélection brésilienne. Fou de rage, Obdulio Varela éparpilla une vingtaine d’exemplaires sur le sol des toilettes de l'hôtel Paysandu. Le capitaine uruguayen inscrivit à la craie sur les miroirs : « Piétinez et urinez sur ces journaux ». Une fois retourné au restaurant de l'hôtel, il ordonna à ses coéquipiers d'aller faire un tour dans les toilettes.


Le jour de la finale pas moins de 173 850 spectateurs se massent dans le mythique stade du Maracanã. Plus de 2000 ouvriers, travaillant jours et nuits, auront été nécessaires pour assurer en 22 mois sa construction auquel il ne manque qu’une... tribune de presse. Un mois après son inauguration, le stade étrenne sa légende avec un record d’affluence dans un match de Coupe du Monde. Un record officieux du moins, puisque beaucoup estiment qu’il y aurait eu plus de 200 000 spectateurs dans les tribunes du Maracanã ce jour-là.

Le stade Maracana lors de sa construction.

Le match


Le 16 juillet 1950, le Brésil et l’Uruguay se disputent le trophée de la Coupe du Monde. Au sifflet, George Reader, l’arbitre le plus vieux à avoir jamais arbitré un match de Coupe du Monde à 53 ans et 256 jours !


Durant la première mi-temps, les occasions fusent de part et d’autre. À la dixième minute, Barbosa arrête difficilement un tir de l’Uruguayen Pérez avant de voir son montant le sauver à la 38ème minute à la suite d’une frappe de Miguez. Les quarante-cinq premières minutes sont néanmoins dominées par les auriverdes qui se procurent dix-sept occasions. L’inévitable Ademir – meilleur buteur de la Coupe du Monde mais aussi meilleur buteur brésilien sur une édition -se se procure une grosse opportunité dès la 3ème minute de jeu avant de voir sa frappe s’envoler au-dessus de la transversale à la 41ème minute. Score vierge à la mi-temps.

Une photo du match avec le Brésilien Friaca à gauche/Bob Thomas via Gettyimages.

Mais, dès la reprise, Zizinho sert « O Queixada » qui centre pour Friaça. Le Brésilien envoie le ballon au fond des filets : 1-0. Le Maracanã explose et crie « O Brasil ha de gauhar !» (Le Brésil va gagner !). La Celeste ne se laisse pourtant pas abattre. Grâce à un supplément d’âme nommé la Garra, les Uruguayens vont revenir dans le match. À la 66ème minute de jeu, Schiaffino égalise : 1-1.


Les Brésiliens repartent néanmoins à l’assaut de la cage de Maspoli. Alors que les joueurs sont dans le money-time, Pérez et Ghiggia combinent sur le côté droit. Barbosa a anticipé un centre pour Schiaffino et s’est avancé. Grâce à un centre-tir, Ghiggia profite de l'espace laissé par le gardien brésilien et glisse le ballon entre Barbosa et son poteau gauche : 2-1 pour l’Uruguay. Sergio Paiva, le commentateur de Radio Continental, s'évanouit tandis que le stade est frappé d’un silence de cathédrale « seulement trois personnes ont fait taire le Maracanã : le Pape, Frank Sinatra et moi » dira Alcides Ghiggia. Le score en restera là et l’homme en noir siffle la fin de la partie. Pour la seconde fois de son histoire, L’Uruguay est sacrée championne du monde !


Le choc


Le dramaturge Nelson Rodrigues dépeint la défaite de ces mots : « Tout lieu a son irrémédiable catastrophe nationale, son Hiroshima. Notre catastrophe, notre Hiroshima, est la défaite contre l'Uruguay en 1950. » Un cataclysme que personne n’avait envisagé, pas même Jules Rimet, le président de la FIFA. Le Français n’avait pas prévu de cérémonie en cas de victoire uruguayenne ! Son discours, prévu en portugais, ne sera jamais prononcé.

Jules Rimet se fraye un chemin pour remettre la coupe qui porte au capitaine vainqueur Obdulio Varela/FIFA.

Il devra finalement se frayer un chemin pour remettre, dans la plus grande discrétion, le trophée au numéro cinq, Obdulio Varela, capitaine de la sélection. Jules Rimet décrit lui-même ce moment : « À quelques minutes de la fin du match, alors que les deux équipes étaient encore à égalité 1:1, j’ai abandonné ma place en tribune présidentielle pour préparer les micros. J’ai préféré descendre aux vestiaires tellement il y avait de bruit. En sortant du tunnel, à la place du vacarme de la foule, j’ai entendu un silence de morgue. Il n’y avait pas de garde d’honneur, pas d’hymne national, pas de cérémonie de remise des prix. Je me suis retrouvé tout seul, au milieu de la foule, bousculé de tous les côtés, avec la coupe sous le bras. J’ai quand même réussi à trouver le capitaine uruguayen et je lui ai remis le trophée en cachette ». Le président de la FIFA de l’époque décrira le silence de cathédrale, qui frappa le Maracanã après le but de Ghiggia, comme « morbide, par moments trop difficile à supporter ».

Jules Rimet tend la coupe qui porte au capitaine vainqueur Obdulio Varela/FIFA.

Alors qu’ils viennent d’être sacrés champions du monde, les Uruguayens, eux-mêmes, ne ressentent pas l’immense joie du titre : « Je pleurais plus que les Brésiliens eux-mêmes », a raconté un jour Juan Schiaffino avant d’ajouter : « j'étais très triste de les voir souffrir comme ça. Nous étions tous très émus. »


En parallèle de cette victoire discrète, la défaite brésilienne est retentissante. Surnommé plus tard le Maracanazo, soit « le choc du Maracanã », ce match a eu des conséquences humaines immédiates. Le pays fut frappé par une vague de suicides dont au moins un supporter qui se serait donné la mort en se jetant du haut des gradins. Une hausse importante du nombre d’infarctus touche également le Brésil. Dans la seule enceinte du Maracanã, trois personnes moururent d’une crise cardiaque. Le but de Ghiggia est ainsi devenu le plus meurtrier de l’histoire.

L'Uruguayen Juan Schiaffino en pleurs après le match est soutenu par le commentateur radio Nobel Valentini/Bob Thomas par Gettyimages.

A l’extérieur du stade, la rage des supporters brésiliens s’exprime sur le buste d’Angelo Mendes de Moraes, maire de Rio, en raison de ses félicitations prématurées : « vous joueurs, qui dans quelques heures serez célébrés en champions par des millions de compatriotes ! Vous qui n’avez aucun rival dans l’hémisphère tout entier ! Vous qui battrez n’importe quel adversaire ! Vous que je salue déjà comme les vainqueurs ! ». Selon la rumeur, Flavio Costa, l’entraîneur de l’équipe brésilienne, se serait même éclipsé du stade déguisé en nounou afin d’éviter les représailles du peuple auriverde.


Les conséquences


La défaite auriverde continue de hanter les Brésiliens. Alcides Ghiggia, auteur du deuxième but uruguayen, raconte ainsi qu’au printemps 2000, il présente son passeport à l’aéroport de Rio de Janeiro. La jeune employée, qu’il estime âgée de vingt-trois ans, se met à le dévisager. « Il y a un problème ?» demande-t-il alors. « Etes-vous le Ghiggia ? » interroge la femme. « Oui, c’est moi » répond-il avant d’ajouter « mais 1950, c’était il y a très longtemps ». La main sur la poitrine, elle lui lance : « Au Brésil, nous le sentons dans nos cœurs tous les jours ». Le buteur uruguayen décrit le statut particulier que lui a conféré ce but : « Dans mon pays, on passe très vite à autre chose. Chez moi, je ne suis pas un dieu. Mais il y a toujours un Brésilien pour me rappeler qui je suis

Alcides Ghiggia lors de son but vainqueur/anonyme.

En 2014, les démons de 1950 sont revenus hanter l’équipe brésilienne. Une vive émotion, celle de jouer devant leur public était palpable. En difficulté pratiquement à chaque match, la Seleção explosera finalement en demi-finale face aux Allemands : 7-1. Rapidement, les médias et la FIFA surnomment ce match le Mineirazo signifiant « le choc du Mineirão », en référence au Maracanaço. Alcides Ghiggia affirme néanmoins que les deux matchs ne sont en rien comparables, celui de 1950 ayant eu un impact bien plus fort.


La défaite auriverde eu aussi des conséquences immédiates. Durant les deux années qui suivirent la défaite, la Seleção ne joua pas de match. Il faudra ensuite attendre 1954 pour voir les Brésiliens fouler la pelouse du Maracanã. Un détail amusant ponctue néanmoins cette défaite. Le Maracana flambant neuf n’avait pas eu le temps d’être peint. L’Uruguay et le Brésil firent alors un pari : l’enceinte portera les couleurs de l’équipe victorieuse jusqu’à la prochaine finale de la Coupe du Monde. La Celeste, victorieuse, le Maracana fut peint en bleu et blanc.


La conséquence la plus visible de la défaite reste néanmoins la couleur du maillot. Entre 1914 et le 16 juillet 1950 (exceptions faites des années 1916 et 1917 où les Brésiliens se parèrent d’un maillot à bandes jaune et vert puis un maillot rouge uni) les joueurs de la Seleçao ont revêtu un maillot blanc, une couleur associée à l’idée de pureté et de supériorité, généralement associé à des cols ou des shorts bleus. Le maillot jugé « pas assez patriotique » après le Maracanazo, la Confédération collabora avec le journal Correio da Manhã pour dessiner une nouvelle tunique. Pour ce faire, un concours de dessin dessiner un nouveau maillot fut organisé. Aldyr Garcia Schlee, un jeune homme de 19 ans habitant Pelotas, l'emporta en proposant un maillot jaune à parements verts marié à un short bleu à bandes blanches. Ce nouveau maillot est utilisé pour la première fois en mars 1954 contre le Chili avant de devenir iconique. Le capitaine du Brésil 1970, vainqueur de la Coupe du Monde décrivait la tunique en ces termes « pour les Brésiliens, le maillot jaune est sacré ». Néanmoins, en 2019 pour la Copa America, le Brésil a décidé de revêtir, pour la première fois depuis 69 ans, un maillot blanc.


Un seul détail positif aura probablement émaillé ce funeste 16 juillet. Alors que l’une des futures stars de la Seleçao, Garrincha, à la pêche au moment où Alcides Ghiggia crucifie tout un pays, fustige les « imbéciles, les idiots qui s’attristent pour un match qu’ils n’ont même pas joué », dans l’Etat de São Paulo, l’ambiance est toute autre. Un garçon de 9 ans voit les larmes de son père abondamment noyer ses joues. Il tombe alors à genoux et implore Dieu : « Jésus, pourquoi avons-nous été punis ? Qu’est-ce que nous avons fait de mal ? Est-ce un péché d’avoir la meilleure équipe ? ». Edson Arantes do Nascimento, plus connu sous le nom de « Pelé », évoque « un jour qu’il n’oubliera jamais ». Il ajoute que « C’était comme si le Brésil avait perdu une guerre ». Ce jour-là, il en fait la promesse à son père, il sera champion du monde ! Huit ans plus tard, « O Rei » (Le Roi) tiendra sa promesse en soulevant la Coupe du Monde… pour la première fois.

Pelé est champion du monde pour la première fois en 1958.

Barbosa, gardien paria


L’image de Moacir Barbosa, un genou à terre après le but de Ghiggia hante la mémoire du football brésilien. Si un homme symbolise le naufrage auriverde c’est bien lui. Surnommé « l’express de la victoire » il aura été tout au long de sa carrière un immense gardien. Au coup d’envoi il est auréolé du statut informel de meilleur portier du monde. Au coup de sifflet final, il est responsable de la tragédie brésilienne. Coupable sur le second but uruguayen, il subira l’opprobre de ses compatriotes.


Moacir Barbosa encaisse le but qu'il le fera paria/AFP.

En 1994, l’accès au camp d’entrainement de la Seleção lui est refusé avant que Ricardo Teixeira ne refuse qu’il commente un match en raison de cette finale perdue 44 ans plus tôt. Il dira avoir touché le fond vingt ans après le drame, lorsque, dans un magasin, une mère montra du doigt le gardien et dit à son enfant : « Regarde cet homme, c'est lui qui a fait pleurer le Brésil entier. ». En 1963, il alla jusqu’à se procurer les poteaux carrés en bois du stade avant de les brûler dans son jardin comme pour tenter d’exorciser ses vieux démons.


L'histoire du drame de Moacir Barbosa a fait l’objet d'un court-métrage de 13 minutes. Nommé sobrement « Barbosa », il a été tourné en 1988 par Jorge Furtado et Ana Luiza Azevedo. En mêlant images d'archives en noir et blanc et images en couleur, ce court-métrage a tenté de redresser la réputation de Barbosa au Brésil. Six ans après la mort de « l’express de la victoire » (en 2006), Dida tentera de faire de même en déclarant « Il est temps de briser aujourd’hui un tabou qui dure depuis plus de cinquante ans. Barbosa a fait de grandes choses pour le football brésilien mais après ce match, il a été crucifié. C’est quelque chose de terrible. Il faut souligner tout ce qu’il a apporté à notre sélection ».

Moacir Barbosa sous le maillot de Vasco de Gama.

Barbosa résumera sa situation d’une phrase iconique : « Au Brésil, la peine maximale pour un crime est de 30 ans. Moi, je paie depuis plus de 43 ans pour un crime que je n'ai pas commis. »


Une défaite aux relents racistes


Après la défaite face à la Celeste, les joueurs noirs ne furent plus appelés en sélection durant plusieurs années. En 1954, aucun joueur noir ou métis ne fit ainsi partie de l’équipe. Marcos Guterman, auteur du livre O Futebol explica o Brasil (Comment le Football explique le Brésil) parle de « tragédie raciale » pour décrire le « Maracanaço ». L’auteur explique que les joueurs noirs servirent de boucs émissaires et furent désignés comme responsables de la défaite. Dans les colonnes de Libération, Mauricio Morad, directeur du centre de recherche sur la sociologie du football à l’université de Rio analyse ainsi la situation « Le Brésil a toujours compté sur le foot pour construire son identité nationale ». Il ajoute que « Les années 40 furent celles de la propagation du phénomène, avec la première sélection populaire de 1938. Mais, en 1950, la sélection nationale représente le nouveau Brésil, celui de la samba, de la capoeira, avec une vraie tâche de réconciliation entre les différentes ethnies. Et cette défaite va bien au-delà de la défaite sportive, c'est une défaite de race, une vraie tragédie sociale qui s'est déchaînée sur les joueurs noirs et métis de la Seleção au point de freiner toute l'intégration. Soudain, les Noirs devenaient des lâches, des associations se créaient pour remettre en cause leur statut. 1950 était à la frontière entre deux Brésil, celui de l'élite et le populaire. C'est le Brésil populaire qui fut vaincu. Et le choc dura jusqu’en 1955, avec la renaissance du cinéma, la bossa nova et le concept de Brésil de toutes les couleurs. »


Bellos, auteur britannique et expert du football brésilien, affirme également que le football est inextricablement lié à l’identité brésilienne, rendant la défaite particulièrement blessante. Selon lui, pour vraiment comprendre ce lien, il faut considérer l’histoire du Brésil comme indubitablement liée à celle de la traite des esclaves. De 1502 à 1860, le Brésil a été le plus grand importateur d’esclaves avec cinq millions et demi d’êtres humains importés. Le pays fut également la dernière contrée américaine à abolir la pratique. Conséquence de l’esclavage, les noirs issus des classes pauvres étaient perçus, au début du 20ème siècle, comme la cause des maux brésiliens. Toutefois, pendant les années 1930, les équipes brésiliennes jouèrent un nouveau style de football alléchant et novateur. Composées de stars à la peau noire, les Brésiliens se sentirent fiers de cette équipe mixte. Le football était un vecteur de diversité. Le football unifiait.


Plus que du football


Les autorités avaient déjà frappé des pièces de monnaie à la gloire de leur équipe mais les Brésiliens perdirent finalement la face. Bien plus qu’un simple match, l’aphorisme du légendaire entraineur de Liverpool, Bill Shankly, n’aura jamais semblé aussi juste « le football n’est pas une question de vie ou de mort, c’est bien plus que ça





Sources :

https://sites.duke.edu/wcwp/tournament-guides/world-cup-2014/world-cup-2014-fan-guide/ francophone-version/le-mondiale-en-1950-une-tragedie-bresilienne/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coupe_du_monde_de_football_1950 https://www.eurosport.fr/football/coupe-du-monde/2014/ghiggia-buteur-du-2-1-lors-de-lafinale-de-1950-bourreau-fantome-et-dernier-survivant_sto4280843/story.shtml

https://www.bbc.com/news/magazine-27809268

https://www.sofoot.com/le-maracanaco-ou-comment-le-bresil-a-change-decouleur-184083.html


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